Inspirée par un tanka extrait du Kokin Wakashū, l’une des premières grandes anthologies de la poésie japonaise classique –, Harusame no (« La pluie du printemps ») puise dans la délicatesse des images traditionnelles pour explorer la mélancolie des cycles naturels.

Le poème attribué à Ōtomo no Kuronushi évoque une pluie printanière assimilée à des larmes versées devant la chute des fleurs de cerisier. Ce glissement poétique entre paysage et émotion intérieure est au cœur de l’esthétique japonaise du mono no aware – cette conscience poignante de l’impermanence des choses.

Haru Shionoya traduit cette fragilité en musique par une écriture vocale suspendue, au phrasé souple et aéré, ponctuée d’effets de « tremblement » – des oscillations subtiles d’intensité qui suggèrent la pluie, le frisson ou l’émotion retenue. L’orgue, tout en discrétion, sert de prolongement harmonique à la respiration du chœur, tantôt brume sonore, tantôt présence plus charnelle.

La notation mêle précision et souplesse, laissant aux interprètes une marge expressive, à l’image des hampes barrées – signe d’un rythme libre, proche du souffle poétique originel.

Dans Harusame no, la langue japonaise est chantée avec un soin particulier porté à la phonétique : le r battu, le fusoufflé, le s toujours clair… autant d’éléments sonores qui participent à la texture unique de la pièce.

Texte chanté :
春雨の
ふるは涙か
さくら花
ちるをしまぬ
人しなければ

La pluie du printemps qui tombe serait-elle des larmes,
Car il n’est point de personne qui ne regrette la chute des fleurs de cerisier.