JEU(X) – SOFIA AVRAMIDOU – ONJ/EIC
JEU(X) – Sofia AVRAMIDOU
La compositrice Sofia Avramidou présentait Jeu(x) réunissant l’Ensemble intercontemporain et l’Orchestre National de Jazz, à Châlons-en-Champagne en novembre 2024.
Reprise de cette création chorale aux côtés de Frédéric Maurin et d’Andy Emler, le vendredi 24 janvier 2025 au Conservatoire de Montreuil (93)
Sofia Avramidou est une compositrice et chanteuse diplômée du département de composition de l’Université Aristote de Thessalonique et de l’Académie nationale Sainte Cécile de Rome, ayant reçu la plus haute distinction dans la classe du professeur Ivan Fedele. En 2020, elle est diplômée du Cursus de composition et d’informatique musicale de l’Ircam. Elle est lauréate de nombreux prix dont le Prix Goffredo Petrassi, le 1er prix du IXe Concours International de Composition pour Accordéon Francisco Escudero et le 1er prix du 6e Concours de Composition Dimitris Dragatakis décerné par l’Union des compositeurs grecs. Elle est aussi détentrice d’une bourse d’excellence de la Fondation Alexandros Onassis. Elle compose également pour l’image et crée notamment la musique du film « Obscuro Barroco » de la réalisatrice Evangelia Kranioti, qui a reçu le Teddy Award au Festival International du Film de Berlin en 2018. La même année, elle a été sélectionnée par la Biennale de Venise pour composer un opéra de chambre joué au Teatro Piccolo Arsenale. Elle collabore avec divers ensembles et orchestres, notamment l’Orchestre symphonique de Chypre, l’Orchestre municipal de Thessalonique et l’Orchestre symphonique de Raanana
Réunissant des musiciens de l’Ensemble intercontemporain et de l’Orchestre National de Jazz, le projet Jeux est une expérience très originale et réjouissante pour la compositrice que je suis. Tout simplement parce que c’est une œuvre collective, à six mains : elle comprend des compositions d’Andy Emler, Frédéric Maurin et moi-même. Cette collaboration est d’autant plus passionnante que nous venons d’univers musicaux différents : Frédéric dirige l’Orchestre National de Jazz, qu’Andy a lui aussi dirigé par le passé, avant de se lancer dans d’autres aventures où l’improvisation le dispute au métissage des cultures.
Avant de se lancer dans l’écriture chacun de son côté, nous avons bien évidemment échangé, ce qui nous a permis d’identifier nos désirs respectifs ainsi que de mettre en place une structure globale commune, qui sert de trame au concert, en même temps que de liant et de fil dramaturgique. Plusieurs sessions expérimentales avec les musiciens ont également été organisées, et je crois que cela a été pour nous trois une riche source d’inspiration.
« La plupart de mes œuvres s’inspirent de diverses sources externes, telles que la littérature, les contes de fées des frères Grimm, les mythes, ainsi que les pièces de théâtre. Ce qui anime vraiment ma musique, c’est l’invocation de l’imagination poétique. Pour moi, un son peut aussi renvoyer à des images poétiques qui peuvent provenir de la littérature ou même de quelque chose de plus personnel et inconscient, comme nos rêves, nos peurs et nos fantasmes. Ma recherche poétique personnelle consiste à découvrir et à explorer ce lien hybride et fragile entre la littérature et la musique.
Je tends à transformer et à traduire en musique toute la gamme d’émotions que j’ai ressentie en lisant une histoire, entre logique et irrationnel, réel et surréel, pur et cynique, à travers la création de différents matériaux sonores. J’ai été inspirée par le titre du projet JEUX en voulant donner une dimension humoristique, en assimilant les sons à un jeu vidéo de plateforme.
La forme de la pièce est structurée en plusieurs niveaux/miniatures. Chaque niveau/miniature a un caractère unique et une approche d’improvisation différente (parfois plus horizontale et parfois verticale comme un objet entier) jusqu’à ce que nous atteignons la fin du jeu !
En ce qui concerne ma propre musique, c’est le titre du projet, Jeux, qui m’en a inspiré le principe. J’ai en effet voulu donner à ma pièce une véritable dimension ludique, en approchant la forme et l’organisation des sons à la manière d’un type particulier de jeu vidéo appelé « jeux de plateformes ». Dans ces jeux, le héros passe d’un écran fixe au suivant, d’une salle à la suivante, chacune d’elle recelant une série de pièges ou de défis particuliers. Ce principe m’a donné l’idée d’un discours musical élaboré selon des procédés qui visent à progresser par niveaux clairement définis, presque des « miniatures ». Chaque niveau/miniature a son caractère propre, au sein duquel se déploie une approche différente de l’improvisation — tour à tour plus horizontale ou plus verticale, comme d’un seul tenant. Par exemple, dans un de ces niveaux, j’installe une matrice très rythmique, dans des dynamiques basses prêtes à exploser, sur décision du chef.
Dans un autre, c’est un travail sur les timbres sonores qui contribuent à créer comme un instrument unique. Puisant dans des réservoirs d’improvisation, les musiciens et le chef sculptent ensemble la forme musicale. Les passages écrits se mêlent aux passages improvisés pour générer une musique vivante, en perpétuel mouvement. Et ce jusqu’à atteindre tous ensemble la fin du jeu ! »
Source : Ensemble intercontemporain – ÉCLAIRAGE
